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1000 Feuilles de Routes
14 juillet 2008

Don’t cry Argentina

Ca y est, nous quittons l’Argentine, apres 7 mois fantastiques.

Avec une etrange impression de laisser derriere nous un grand gachis. On quitte un des plus beaux pays du monde, qui a su se hisser jusqu’au 3e rang des puissances economiques à la fin de la seconde guerre mondiale, geré par les memes descendants que nos Napolitains mafieux (en tous cas à Buenos Aires) dont l'une des seules qualités - c'est le cas de le dire! - est de savoir habiller une mariée.

Ce pays, ou plutot cette ville de Buenos Aires, centre de toutes les decisions les plus debiles, est pire qu’un bateau sans capitaine, car ce dernier est bien present à la barre et fonce dans les rochers ! Resiliés, les Argentins colmattent les breches, depuis 70 ans. Pas un President élu à un sufrage regulier n'a terminé son mandat depuis les années 30...

Cet etrange paradoxe : un pays peuplé d’immigrés européens, au potentiel parmi les plus grands au monde, qui n’a recu, ne serait-ce que lors des 20 dernieres années, que trop de lecons economiques à ses depends... pourtant en complete derive. Les observateurs etrangers se font souvent avoir par les beaux taux de croissance, qui ne refletent que des rebonds sans direction apres des marasmes. 

Puisqu’on traverse les Andes, on peut aussi parler d’etrange paradoxe vis-à-vis du voisin chilien. Pinochet a été jugé et continue de susciter des reactions au Chili et à travers le monde. Son regime, tout totalitaire qu’il fut, est accusé de la disparition d'au moins 3000 personnes, et de la participation au plan Condor (complot des differentes dictatures d’Amerique latine dans les années 70 pour eliminer des opposants exilés). Si le debat reste brulant, c’est que pour beaucoup de Chiliens, Pinochet est aussi à l’origine du succes du pays apres les derives des années anterieures. Le parallele avec la junte militaire argentine de ces memes années : avec sa « guerre sale » et ses escadrons de la mort, cette derniere est responsable de 30.000 disparitions dans des circonstances atroces (la torture la plus tristement celebre etait des jeter des opposants, ligotés, dans le rio de la plata depuis des helicopteres). Pourtant, toujours pas de jugement. Le sujet reste tabou. Cette difference de traitements des deux tragédies ne reflete t-elle pas une part du complexe narcissique argentin, incapable d’analyser ses echecs et perdu dans les vagues reves de son glorieux mais lointain passé...?

A l’image d’un Maradonna, legende vivante en son temps, aujourd'hui incarnation de la decadence. A l'image du peronisme, doctrine nationale, qui n'est finalement que nationalisme et populisme. 

A l'image d'un tango, violent "je t'aime, moi non plus", pourtant magnifique de sensualité et de figures.

En attendant, quel pays! C'est avec beaucoup de nostalgie que ca restera le pays de notre mariage et de cette année 2008, si riche pour nous.

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